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Valentin, une volonté farouche de terminer ses études

Valentin, ancien étudiant parrainé par PLM, issu d’une famille de trois enfants, a aujourd’hui 32 ans. Diplômé de Polytechnique Madagascar, il est cadre dans une grande compagnie d’assurance. A 10 ans, il ramassait des ordures avec son frère pour financer leur écolage (frais de scolarité). Un parcours exemplaire qui montre tous les efforts que doivent déployer au quotidien les membres des familles parrainées. Il montre aussi que le parrainage ne peut être qu’un complément à ces efforts.

Les débuts à l’école

« A partir de 2002, ma famille a pu bénéficier du parrainage de PLM suite à l’intervention de l’assistante sociale de l’association. Ma mère était femme au foyer. Mon père, qui était chauffeur, était trop âgé et fatigué pour continuer à travailler », raconte Valentin. Pour autant, c’est lui qui a poussé ses fils à rester à l’école. « Il nous disait : ‘Je n’ai rien à vous donner. Le seul héritage que je puisse vous laisser, c’est de vous inciter à faire des études. Alors, si vous le pouvez, continuez-les ! ». De son côté, sa femme, elle, leur demandait d’arrêter.

Les premiers petits boulots  

Ses deux fils aînés ne l’ont pas écoutée. Ils sont restés à l’école. « Nous avions beaucoup de petits boulots pour pouvoir payer nos repas, acheter nos fournitures scolaires et aider notre famille. Nous ramassions des ordures, nous portions de l’eau chez des particuliers, nous faisions leurs courses, le matin avant 5 h et le soir après 18 h ». En 6e , Valentin a 11 ans. Avec son aîné, il intègre un collège public. Il n’y a donc plus de frais d’écolage à payer. Mais les ressources de la famille restent insuffisantes. Les deux élèves doivent alors continuer à faire des ménages pour subvenir à leurs besoins. Leurs études primant avant tout, ils n’ont pas beaucoup de temps pour eux. « Nous faisions très attention à toujours faire nos devoirs, à bien écouter les cours ». L’émulation joue aussi un rôle moteur : « Nous nous jetions des défis : ‘Moi, j’ai eu 14 de moyenne ce mois-ci. Essaye de faire mieux !’

Mais les ressources ne sont toujours pas suffisantes. Les deux élèves doivent donc trouver d’autres petits travaux. « Nous avons contacté la direction d’une université privée pour voir s’ils n’avaient rien pour nous. Elle a accepté que nous nettoyions les salles de cours de l’établissement. Cela a été mon premier salaire : 20.000 ariarys (4,50 €) par mois. En même temps, je continuais à ramasser les ordures».

 

Subvenir aux besoins de sa famille tout en continuant ses études

En 2011, le papa décède. Conséquence : Valentin échoue une première fois au bac. « J’étais premier de la classe », raconte-t-il avec une nuance de tristesse dans la voix. Centres d’appel Nouvel échec au bac en 2012. « Notre plus jeune frère avait fait des bêtises », rapporte le cadre avec pudeur. Résultat : il doit davantage aider sa famille, notamment l’aîné qui a commencé des études supérieures à l’université privée où ils continuent à faire des ménages. En échange de ce travail, la direction n’exige pas de frais d’écolage. Mais alors que l’étudiant est en 3e année, l’institution décide d’arrêter cette aide et il faut trouver de l’argent pour payer les frais. Valentin doit donc se sacrifier pour subvenir aux besoins de sa famille. « Pendant un an, j’ai dû interrompre mes cours au lycée et j’ai notamment travaillé dans des centres d’appel ».

L’entrée à Polytechnique

En 2013, il passe le bac en candidat libre. Et prépare le concours d’entrée à Polytechnique Madagascar, section technologies de la communication. Il est reçu avec 30 autres candidats. Sur les 2000 qui se sont présentés. A cette époque, sa famille n’est plus parrainée par PLM. A Polytechnique, l’étudiant touche désormais une bourse tout en étant logé. Il est aussi aidé par son frère, qui a terminé ses études et gagne désormais sa vie comme salarié. Malgré tout, l’argent manque. Valentin doit continuer à travailler à côté, notamment en entretenant des ordinateurs.

En 2016, PLM décide de le parrainer comme étudiant. Fin 2018, il obtient son diplôme d’ingénieur. Il est alors embauché dans une entreprise d’informatique puis intègre la compagnie d’assurance où il travaille actuellement. Il s’est marié et a plusieurs enfants. Pour autant, il n’en a pas terminé avec les études : actuellement, tous ses samedis sont consacrés à la préparation d’un MBA ! Courage ou chance ? Valentin reconnaît qu’il a eu un beau parcours mais estime qu’il a eu de la chance. On comprend aussi qu’il a été poussé par sa foi protestante. « Tout ce qui nous est arrivé, à mon frère et à moi, est une intervention de Dieu qui nous a donné des forces et notre intelligence. Tout cela est un cadeau du ciel ! » Et le courage dans tout cela ? « Oui, nous avons eu du courage. Mais nous avons toujours reçu de l’aide quand nous en avions besoin ! »

Malgré son beau parcours, l’extrême modestie du jeune homme frappe l’observateur extérieur. Notamment quand il explique que « mon frère est plus intelligent que moi. Moi, je suis juste bosseur». Une modestie qui lui fait dire qu’en français et en anglais, il n’a pas toujours le niveau nécessaire. « Pendant ma scolarité, je n’ai pas eu assez d’argent pour suivre des cours qui me l’auraient donné, en orthographe par exemple. On me l’a fait sentir. Par ailleurs, de par ma position sociale, j’ai toujours été habitué à rester à ma place, à ne pas me mettre en avant. Cela m’est resté », observe-t-il.

Laurent Ribadeau Dumas, Parrain de PLM

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